Tango tantrique, tantra ou tentera pas?
Tantra ou tantra pas?
Les chinois cachaient les plus beaux trésors dans les marécages ou les quartiers malfamés. Les femmes dissimulent leur trésor sous des atours de dentelle, de soie, de bijoux, et de maquillage, de paroles tendres ou suaves, de gestes sensuels et de mensonges joliment brodés.
Le trésor du coeur se cache dans l'instant présent, lequel se recouvre d'une couche de peurs et de désirs, ainsi que d'une toile gluante et paralysante de pensées, de croyances, de convictions glacées, d'opinions, d'idées pré-conçues, de foutaises théoriques.
L'homme occidental ne cache plus rien : l'or est séquestré au fond des coffres forts. La richesse est enfermée sous la forme de chiffres qui s'accumulent dans les ordinateurs des banques.
Les femmes dévoilent leur nudité sans complexe sur internet et tombent amoureuses tous les trois mois. Le coeur se dévoile, avec toutes ses horreurs : il est étalé dans une boue qui n'étonne même plus les occidentaux. Les hommes deviennent agressifs, et violent toujours autant les femmes (Un viol toutes les 8 minutes en France, un homme sur dix a commis un viol sur un être humain sur le territoire français).
L'argent compte plus que tout. La sexualité se déverse à tout vent et n'a jamais été aussi mal vécue. Quant à l'instant présent, il est la clef unique d'un évènement extraordinaire qui attend l'humanité, qui va abolir le passé et le futur, et permettre d'offrir à l'homme et la femme un vécu sensoriel radicalement nouveau.
Mais l'occidental ne le sait pas, n'y croit pas, à vrai dire, il s'en fout. La majorité de la population est trop attachée à ce qu'elle pense, trop habituée à s'entendre penser, au point que nous allons continuer à vivre dans la souffrance, une souffrance qui va sentir de plus en plus le souffre.
A force de vivre sous la loi de la pensée unique et l'ordre établi du bien pensant, le corps occidental a fini par se rigidifier, s'atrophier, et devenir très maladroit ne serait-ce que pour marcher sur de la musique... Tout vient du bas ventre : un serpent de la Kundalini n'y est-il donc pas enroulé?
Le serpent de la Kundalini, ce n'est pas sorcier. C'est une énergie qui est enroulée là, dans le bas ventre, dans le centre de gravité de l'être humain. La richesse spirituelle ne pouvait que dormir dans nos bas-ventres, tandis que les hommes depuis des millénaires fouillent leur cerveau, à la quête de toutes les solutions inimaginables aux problèmes qu'ils ont inventés.
Je sais bien, ça ne s'invente pas, une telle histoire.
Ce que je vous révèle n'est pas tiré par les cheveux, c'est l'histoire la plus simple qu'il n'ait jamais été donnée à l'homme de retransmettre de génération en génération. Toutes les religions du monde, toutes les croyances spirituelles, tous les contes pour enfants et initiatiques, tout l'ésotérisme ainsi que les allégories jusqu'aux découvertes récentes de la physique quantique évoquent la même clef de l'instant présent.
Pour faire simple : l'homme c'est une énergie yang que l'on a concentré dans un véhicule charnel. La femme c'est une énergie yin que l'on a concentré dans un véhicule charnel.
La sexualité - et le désir de prendre possession du véhicule qui contient tout le contraire de sa propre énergie en terme de polarité - a immanquablement et non seulement créé la division cellulaire, mais aussi la division entre les sexes opposés, au point que l'humanité s'est abrutie au milieu d'actes sauvages, de paroles cruelles et de pensées sadiques.
Alors qu'à l'origine, le rôle du cycle d'attraction/répulsion inhérent à la relation entre l'homme et la femme était sensé réveiller la femme en l'homme ainsi que faire s'élever l'homme en la femme. Vous avez bien compris : le déroulement du serpent de la Kundalini, encore bien enroulé dans nos bas-ventres.
L'homme a cherché la solution dans son cerveau, développant des capacités mentales exagérées, jusqu'à l'atrophier cérébralement. Quand je dis l'homme, j'entends l'espèce humaine.
Alors que c'était en bas qu'il fallait chercher!
Tango tantrique
En ce qui concerne le tango argentin, ce qui se passe dans nos milongas (les bals), qui naissent partout dans le monde, il se passe un incroyable revirement qui tend à remettre du bon sens dans l'humanité.
Nous sommes loin du tango des maisons closes de Buenos Aires ou Montevideo : les hommes se frottaient par jeu, s'affrontaient, et les meilleurs danseurs se voyaient offrir le trésor convoité; mais de toute façon, amour payé ou offert, le tango finissait illeco presto dans les chambres du haut.
Aujourd'hui, l'expression verticale d'un désir horizontal qu'est le tango devient une expression corporelle qui se traduit plus rarement dans le langage de la nudité complète et de sa syntaxe issue du kama sutra. Bien sûr, il y avait les bals, les guinguettes, où le cavalier et sa danseuse risquaient de s'éclipser entre une valse musette et un paso doble.
Ce que j'entends par là, c'est qu'il y a une telle lumière faite sur les étranges rites d'hommes et de femmes qui s'enlacent jusqu'aux jambes sans perspective plus approfondie, que ce tango moderne finit par nous faire entrevoir une réconciliation des sexes opposés...
Comme je le disais dans un article précédent, le tango argentin est encore jeune : il n'a que 133 ans (en retenant pour principe que sa naissance officielle est 1880).
Ce que les mayas prédisaient en leur terre, cette sacrée prophétie, n'est rien d'autre que l'énoncé reformulé des milliers de fois par toutes les autres croyances, religions et confessions de la planète. Il n'est pas étonnant que le tango argentin soit né sur la terre des prophéties des Andes, soit dit en passant...
Et je ne serais pas surpris que le tango argentin puisse ouvrir une brèche, si ce n'est déjà fait, et qu'il entraîne avec lui bien d'autres disciplines corporelles qui invitent l'homme et la femme à aborder une toute nouvelle approche du sexe opposé.
Le but suprême étant de réveiller le serpent de la Kundalini, le réveil de l'homme en la femme, et vice versa (comme le disait également Mâ Anandamayî), il est nécessaire et même obligatoire que nous fassions taire ce mental qui pollue la planète et crée autant de problèmes horribles.
Les milongas sont des lieux plus que sacrés puisque l'homme y affronte la tentation, la femme travaille à sa féminité ancestrale.
De plus en plus d'hommes se frottent au jeu particulier de se relier à la femme, d'affronter son contact, en se devant de canaliser ses instincts. Il est donné à la femme moderne de retrouver sa féminité au sens sacré du terme, et de se constituée lunaire, de se vouloir comme l'eau prête à prendre la forme que le récipient lui offre, au risque de se croire de nouveau prisonnière de quelques milliers d'années de dictature phallique.
La seule consigne : puiser dans la terre l'énergie qui circulera dans le couple, afin de tendre vers le ciel, autrement dit la plus belle offrande qui soit : l'instant présent.
La musique régne en maîtresse dans les milongas : l'univers sonore du tango remplit nos têtes, nous rendant souvent ivres. Car la musique occupe essentiellement notre mental, qui voit sa force s'affaiblir. Il est si difficile de penser, de penser à nos problèmes en tout genre lorsque nous sommes plongés dans l'univers musical d'une milonga, que la sensation d'ivresse prend le pas sur le contrôle du mental.
Il nous reste à présent pour rendre mature le tango, à le dépouiller des éléments parasites issus du mental. Autrement dit, ne plus utiliser le tango comme une excuse pour l'investir encore et encore de toutes ces forces d'opposition entre l'homme et la femme, qui nous renvoient l'image d'un tango viril, machiste.
Le tango ne sera plus à terme un défouloir. Les hommes et les femmes découvriront ainsi que ce n'est plus dans la sensation physique de deux forces opposés qu'ils peuvent trouver et établir une juste connexion, mais dans un relâchement poussé qui ne nécessite qu'un stricte miminum de contractions musculaires. La fermeté du danseur comme de la danseuse disparaîtra : elle ne sera ni visible, ni ressentie comme des crispations ou de la fermeté dans les membres.
Le corps des danseurs sera tenu de la terre au ciel par une intelligence corporelle qui échappera à la compréhension de notre mental. Certains muscles, les plus profonds, tiendront un rôle essentiels, et les danseurs qui auront ressenti une seule fois l'effet plutôt surprenant et inexplicable de cette étrange et incompréhensible énergie comprendront sans comprendre qu'ils ont franchi un cap décisif pas seulement dans leur tango, mais dans une ouverture bien plus large de leur champ de conscience.
A la suite de mes sept années d'apprentissage du tango argentin et des danses sociales, quelques souvenirs vagues d'ouvrages, que l'Education Nationale ne cite surtout pas (?), des livres que j'ai pu lire, de Shrî Aurobindo Ghose, de Nicolas Berdiaev, du Dalaï Lama, d'Arnaud Desjardins, de Karlfried Graf Dürckheim, de René Guénon, de Georges Ivanovitch Gurdjieff, de Carl Gustav Jung, de Jiddu Krishnamurti, de Satprem (Le mental des cellules), de Pierre Teilhard de Chardin ou encore de Pierre Daco, de Jacques Salomé, de Paul Watzlawick, et d'autres que j'ai oubliés, me reviennent sous la forme de pièces de puzzles qui s'ajustent : l'ouvrage que j'ai actuellement en main est comme la clef de voûte qui place l'essence de mes anciennes lectures au coeur de mes expériences et recherches dans la dynamique corporelle, que ce soit à l'époque de ma pratique des arts martiaux, ou dans la pratique actuelle du tango argentin (en passant par l'expérience pénible de la manutention lourde, intensive et parfois accompagnée de situations perturbantes pour le cycle du sommeil).
Quel heureux hasard ai-je de lire depuis quelques jours "Le pouvoir du moment présent" d'Eckhart Tolle, aux éditions J'ai Lu Bien-être, dont on pourrait réduire le commentaire de texte par deux seul mots : instant présent.
En effet, il s'agit d'une déclinaison du moment présent en 246 pages. Ce n'est pas un ensemble de théories. C'est le contenu vivant d'un auteur qui maîtrise son outils mental afin de nous conduire "à comprendre sans comprendre une chose qui dépasse l'entendement" (pour citer de mémoire Saint-Jean de la Croix).
La seule chose que je puisse dire, c'est que je n'arrive pas à le lire.
Chaque fois que je me plonge dedans, l'instant présent me rappelle de jour en jour avec une telle intensité que je finis par poser le livre, et vivre dans le ressenti de mon corps, de sa respiration, et de mon environnement.
L'acuité s'élève.
J'ai l'impression d'habiter pour la première fois de ma vie mon corps.
Et qu'advient-il alors du mental, du fil continu de mes pensées?
Il disparaît avec une fréquence accrue, revient par des procédés détournés pour me distraire et me faire quitter en longueur de temps l'instant présent, cette Présence de ce que je suis, sans passé, sans futur, sans attente, sans problèmes mentaux.
C'est encore timide, je découvre à peine toutes ces nouvelles sensations surprenantes, en même temps que je découvre toutes les couches de souffrances inutiles que je me suis chargé à force de vivre dans la dualité. Lourd fardeau! Je comprends ici et maintenant ce qu'il voulait l'autre avec son karma et ses charges karmiques!
De très beaux moments. Egalement des moments moins agréables qui parfois étonnent en même temps qu'ils me mettent à l'épreuve.
Mais ce n'est pas pire qu'une relation de couple, me direz-vous! Vivre avec soi, est un engagement pour le pire et le meilleur, et je suis désolé de le préciser : le divorce n'existe pas, hic et nunc!
En ce qui concerne le tango, si on allait tester le pouvoir du moment présent dans cet abrazo si tantrique qui nous réconcilie?
Un petit tango Carpe Diem, pour faire la paix dans l'amour tantrique avant notre éveil spirituel?
Avignon, le 25 novembre 2012
Instant présent dérobé par mon corps mental :
Tango ouvert, tango fermé
Danseuse de Tango, tu es un mystère
Tango macho ou le côté obscur de la force du sexe faible
La connexion du tango et l'abrazo cerrado
Comment soulager ses articulations et son dos en tango argentin
L'humanité est encore puérile et barbare